Shigeru Myamoto. Le mot magique qui fait chavirer la communauté des gamers depuis des lustres. Le bougre, à l'origine de licences comme Mario ou Zelda, n'a plus rien a prouver, mais il est vrai que ses dernières productions n'ont pas fait l'unanimité (Wii Music en tête). Nintendo, d'une manière plus générale, s'appuie sur l'exploitation de séries au fort potentiel de vente, tout en minimisant les changements de fond et de forme. Pourtant, ce Super Mario Galaxy réinvente littéralement le jeu de plateforme. A quelques mois seulement de la sortie de sa suite directe, il est temps de s'arrêter sur ce qui reste le maître étalon qualitatif de la console griffée BigN.
Une des plus grandes avancées de cet épisode se situe au niveau du scénario. Fini le classique l'enlèvement de Peach prétexte à l'exploration de mondes pour la retrouver. Si, encore une fois, la princesse est kidnappée par le méchant Bowser, l'histoire fait intervenir d'autres personnages secondaires, comme la princesse Harmonie, qui veille sur les Lumas, petites étoiles fort sympathiques. Si bien sûr je vous laisse apprécier les quelques évolutions du scénario, sachez néanmoins que ce dernier reste proche du conte pour enfant, même s'il possède un charme quasi-magique. Plusieurs péripéties secondaires font également leur apparition : Mario qui cherche son cousin Luigi, par l'intermédiaire de photos, et le journal intime d'Harmonnie qu'on débloque chapitre par chapitre, et qui est consultable entre chaque niveau.
Car oui, comme dans Super mario 64 et son chateau, une sorte de monde central permet de se rendre dans les différentes galaxies à explorer. En plus de la bibliothèque où l'on peut lire de jolis contes toujours bien écrits, ce lieu regorge d'items à chercher, et joue bien son rôle de "hub" entre les mondes, chacun d'entre eux étant accessible via une chambre en forme d'igloo. Il y a aussi une cuisine... Bref, c'est chez vous, et il est vrai qu'on y passe du temps. Si c'est distrayant au début, on aurait aimé pouvoir aller plus rapidement d'un monde à l'autre par un simple menu, plutôt que de devoir parcourir cette zone à chaque fois. Cependant, l'apport de cette planète centrale est essentiel sur l'histoire et l'immersion : on peut parler aux Toads qui tentent de réparer leur vaisseau endommagé, ainsi qu'au différents Lumas aux caractères bien différenciés.
Vous aviez connu le passage du noir et blanc à la couleur, de la 2D à la 3D, du cathodique à la haute définition ? Voici maintenant le passage à la full 3D. Entendez par là : la possibilité de tourner à 360 degrés autour d'une planète, et donc de se retrouver la tête alternativement en haut et en bas. Toute l'ingéniosité du titre réside dans sa structure de jeu, et l'utilisation poussée de la gravité. Les niveaux sont ici des planètes de tailles variées. Si parfois le jeu vous place sur une planète immense qui se joue comme un simple jeu de plateforme traditionnel, vous devez la plupart du temps aller d'une planète à une autre en cours de niveau. Ces petites planètes prennent toutes les formes, toutes les textures, tous les matériaux. Il semble que rien n'ait restreint l'imagination des créateurs, qui ont su créer le level deisgn le plus fou et le plus abouti de l'histoire du jeu video. Une pepite à l'architecture des niveaux n'ayant d'égal que leurs ambiances uniques.
La maniablité correspond parfaitement au label de qualité de la marque. Mario se contrôle grâce au duo wiimote/nunchuck avec précision, aisance, subtilité. La panoplie complète des mouvements du plombier sont de la partie : saut, tiple-saut, saut en longueur, salto arrière, attaque toupie en agitant un brin la Wiimote, une des nouveautés de cet opus. D'ailleurs, que les fans se rassurent, l'accéléromètre n'est pas surexploité. Seuls quelques actions bien précises font appel à la détection de mouvement. Pas d'utilisation abusive du gadget donc, pour gagner en prise en main, qui est ici aussi naturelle qu'agréable. En plus des pièces à trouver, qui permettent au joueur de récupérer un fragment de vie, et qui s'obtiennent en sautant sur les ennemis ou en fouillant les moindre recoins des niveaux, s'ajoutent les fragments d'étoile. Sortes de petites pierres précieuses disposées ça et là, elles donnent accès à une vie supplémentaire dès qu'on en amasse 50. Elles permettent aussi de nourrir les Lumas affamés que l'on rencontre en route, et qui donnent souvent accès à de nouvelles planètes ou zones bonus. Loin d'être une contrainte abusive, cette quête se fait en parallèle de l'action principale, puisqu'elle utilise le pointeur de la télécommande Wii pour récolter les précieuses petites pépites colorées.
C'est ainsi équipé qu'il faut parcourir les niveaux proposés. La découverte d'un nouvel environnemnt suscite toujours l'émerveillement, tant tout semble avoir été pensé dans l'unique but de faire plaisir au joueur. Certaines planètes sont des hommages à des scènes cultes des anciens volets de la licence des Super Mario, d'autres sont totalement inédit et n'ont à souffrir d'aucune faute de goût. Diversifiés, les différentes galaxies sont aussi très différentes dans leur aspect graphique et le choix des couleurs employées. Et pourtant, le jeu reste cohérent, avec toujours cette magie qui lie les différents lieux. Les ennemis rencontrés sont aussi assez variés, et puisent autant dans les classiques de la série que dans l'incroyable talent des développeurs, qui ont su concevoir des boss aussi mémorables qu'inspirés, quoi qu'un peu facile à battre. Parfois, la gravité s'inverse et il faut s'adapter aux caprices des niveaux tortueux, retords en pièges de toutes sortes. Décrire les objetifs de chaque galaxie prendrait des lignes et des lignes, car les challenges se renouvellent sas cesse. En vrac, on peu citer quelques séances de patinage sur des planètes gelées, du surf à dosde raie violette dans les chutes d'eau, et nombre de casse-têtes simples mais qui nécessite une certaine pratique pour apprendre à apprécier les distances, le jeu offrant des sensations jusqu'alors inconnues.
On peu parler, histoire de continuer dans l'éloge d'un jeu qui n'a plus rien à prouver, du bilan technique. En plus de l'esthétique toujours aussi réussie, on peut noter la présence d'effets modernes comme la gestion bluffante de la transparence, les textures propres, les reliefs bien plus osés que dans les précédents jeux de plateforme de la firme au plombier moustachu, avec une animation et une fluidité impécable. Tout est lêché, c'est un véritable travail d'orfèvre. Mais ce n'est pas tout, car l'ambiance ne saurait être réussie sans une bande son à la hauteur de l'expérience ludique. Adieu les thèmes un brin dépassés, le jeu propose des musiques orchestrales d'une beauté rare. C'est très clairement une des meilleures bande son de ces dernières années. Entre remix de classiques de la saga, et compositions géniales inédites, le spectacle n'est pas que visuel, mais aussi sonore. Les bruitages ont eux aussi été complètement revus, pour plus de variété et une qualité jamais prise en défaut. Koji Kondo, compositeur atitré des grosses productions de Nintendo, signe sa meilleure performance dans un jeu video, ayant parfaitement compris comment faire vibrer les joueurs.
Niveau durée de vie, c'est là aussi excellent : 60 étoiles sont nécessaires pour voir la fin du jeu, soit une grosse dizaine d'heures si l'on ne prend pas le temps d'admirez les décors (en faisant le jeu en ligne droite). Il faut savoir que certaines galaxies sont assez faciles, ce qui permet à tous les joueurs de voir le boss de fin. Pour les plus habiles, on peut ajouter 60 étoiles supplémentaires à trouver. Certaines sont cachées, et il faut alors passer du temps à les dénicher, d'autres arrivent sous forme de comètes, qui sont des défis assez particuliers, et souvent plus corsés, comme refaire un niveau en temps limité, ou de faire la course contre votre double maléfique. En enfin, quand on est très content d'avoir réuni toutes les précieuses grandes étoiles, vous débloquez Luigi, intégralement jouable dans tous les niveaux. Et c'est reparti pour une seconde partie. Sachez que le jeu n'est quand même pas très long, quoique bien supérieur à la moyenne des jeux de plateforme sur ce point, mais cela pousse irrévocablement le joueur à relancer une nouvelle souvegarde pour découvrir à nouveau le jeu. Le mode en coopération est assez anecdotique : le deuxième joueur ne fait que ramasser les fragments colorés et les lancent sur les adversaires pour les étourdir. Une aide non négligeable mais on est loin d'un jeu multijoueur.
CONCLUSION
Il me semble inutile de continuer l'éloge d'un jeu que tout le monde connait déjà par coeur. Mario Galaxy est l'aboutissement du jeu de plateforme, genre de plus en plus délaissé. Epique, magique, grandiose, parfaite à tous niveaux, les superlatifs ne manquent pas pour décrire l'expérience de jeu proposée ici. Merci aux p'tits gars de chez Nintendo, qui prouve que oui, ils savent encore innover, et créer un titre aussi jouissif manette en main. Il y a des jeux qui marquent leur génération. Il y a de plus parmi ceux là quelques élus qui marquent l'histoire du jeu video, et Super Mario Galaxy mérite sa place au panthéon de l'industrie videoludique. Le dernier cru de la série Super Mario est une déclaration d'amour au jeu video, qui envoie Mario sur orbite, en attendant de le retrouver en juin prochain.